«The Brutalist», la fresque monumentale de Brady Corbet

Adrien Brody The Brutalist

© Universal Pictures International Switzerland

Adrien Brody incarne un designer juif, rescapé des camps, lors de son arrivée aux États-Unis. Remarqué à la Mostra puis aux Golden Globes, «The Brutalist» est à découvrir dès le 5 février prochain au cinéma.

Après l'Holocauste, l’éminent architecte juif László Tóth (Adrien Brody) débarque à New-York au milieu des années 40. Comme beaucoup d’immigrants, il végète dans les faubourgs, entre les foyers et les banques alimentaires. Un temps, il travaille à la conception de meubles bon marché dans une boutique, puis rénove la bibliothèque de la villa d’un riche industriel (Guy Pearce). Issue des mouvements Bauhaus et brutaliste, l’œuvre est une splendeur, mais ne rencontre guère le succès escompté. Or, le personnage prend bientôt László sous son aile et le charge de réaliser les plans d’une église pharaonique.

Par sa durée (presque 4 heures) et les atrocités du XXe siècle auxquelles - sans jamais les montrer - le film fait écho, «The Brutalist» est une œuvre diluvienne. Sur plusieurs décennies, Adrien Brody livre une partition magnétique dans la peau de cet architecte fictif. Oui, difficile à croire tellement l’œuvre est généreuse, son parcours évoque néanmoins la vie de l’illustre architecte Marcel Breuer, père du modernisme (et de la fameuse Chaise Wassily), né en Hongrie en 1902 et mort à New-York en 1981. Au diapason de ses partenaires - Guy Pearce, diabolique, Felicity Jones, crépusculaire, ou le trop rare Isaach de Bankolé -, l’acteur touche, émerveille, ébloui.

Tourné en 70 mm, lové dans l’époustouflante cinématographie du Britannique Laurie Crawley («White Noise» de Noah Baumbach) et drapé des merveilleux costumes de Kate Forbes, «The Brutalist» laissera une émotion vive. Miroir de l’immigration juive aux États-Unis au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale et au seuil de la création de l’État d’Israël, «The Brutalist» est aussi une histoire d’emprise et d’abus, laquelle donnera au titre du film un double sens pour le moins maléfique. À la fois poétique, didactique, conte et manuel d’histoire, Brady Corbet signe une fresque monumentale, au chaud d’une humanité sensible et qui, à bien des égards, rappellera «Il était une fois en Amérique» de Sergio Leone ou encore «Le Parrain» de Francis Ford Coppola.

Un texte initialement publié sur Cineman.ch

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